PEUT-ON SE FAIRE DU MAUVAIS [SÃ] ?
[SÃ]Cible est une installation interactive
Le visiteur est initialement invité à tirer sur une cible comme s’il s’agissait simplement de mesurer sa dextérité.
Il y a cependant une première anomalie. Quand le tireur se saisit du fusil, le centre de la cible change de couleur et devient rouge. C’est un flux vidéo qui projette l’image d’une cible sur le mur. Une sonde SPO2 (Oxymètre), système électronique intégré au niveau de la gâchette du fusil, capte les signaux cardiaques de la personne qui vise la cible. Son rythme cardiaque est récupéré, il est couplé avec un dispositif électronique de traitement des signaux pour la mise en forme de ses propres battements de cœur. Le point rouge, au centre de la cible, clignote au rythme des battements du tireur, perception qu’atténue initialement un fond sonore. Mais le tireur comprend vite que ce sont ses propres battements cardiaques.
Elle comprendra alors avec certitude qu’autour de son doigt à l’intérieur de la gâchette, il y un capteur invisible dont le rôle est d’agir sur l’image. Toutefois, ce capteur n’est pas seulement un capteur de présence du doigt, il a également comme fonction de percevoir le rythme cardiaque de la personne qui s’est mise en position de tir. Sa fonction est, en effet, de faire bouger au même rythme que celui du cœur du tireur.
[SÃ]Cible
Une gestion de la culpabilité absente au départ, mais qui s’impose de plus en plus.
La performance Cible consacrée est très forte puisqu'elle transforme le spectateur passif en acteur responsable de la scène qu'il ne faisait que voir et qu'il peut maintenant produire, même si ce rôle lui est imposé puisqu'il n'y a aucun moyen de fuir. Dans ce cas, le premier plaisir narcissique qui est de montrer ses capacités au tir. Mais cette dilection devient souffrance face à une exécution, et on se perçoit comme l’auteur de cette mise à mort, la culpabilité se substitue alors au plaisir du voyeurisme. Ce n’est pas le cas usuellement à la télévision alors que le spectateur voit toutes les horreurs de l'actualité sur des fonds sonores suaves sans jamais se poser la question de son rôle dans l'apparition des scènes de souffrance qui lui sont données à voir.
Mais si l’on ignore le contexte du tableau, la culpabilité peut néanmoins apparaître et se développer à cause du procédé du zoom qui abolit peu à peu la distance jusqu’à faire que l’autre, c’est soi.
Cette question de la responsabilité et donc de la culpabilité avait déjà été posée par un peintre français/
Ipousteguy, Qui tient le révolver ?