PEUT-ON SE FAIRE DU MAUVAIS [SÃ] ?
SÃ PUITS/PUITS SÃ
INTERFACE ENTRE L'EAU, LA TERRE ET L'AIR
Réflexion/Résonance : « Les Nymphéas »
« Les Nymphéas harmonie bleue 1908, Monet » Médiathèque Manufacture de Nancy, hall des frères Goncourt 2014
Installation
FR3 "SÃ PUITS/PUITS SÃ" « Les Nymphéas » Médiathèque Manufacture de Nancy Corinne Costa Erard
La Médiathèque Manufacture de Nancy est un espace culturel très familial, des visites pédagogiques pour les scolaires sont programmées sur la thématique proposée par l’exposition. L’espace du projet est le hall des frères Goncourt, entrée de la Médiathèque, un espace immense, 22m de long, 5.50m de haut.
[SÃ PUITS/PUITS SÃ " Réflexion - Résonance " est un vaste laboratoire évolutif.
On commence à ouvrir un voile blanc qui flotte depuis le plafond pour entrer dans un espace qui forme comme une bulle dans le hall de la médiathèque.
Les enfants sont séduits, franchir les drapés blancs, c’est pénétrer une forêt, un univers imaginaire. La lumière est chimérique, cotonneuse. La surface du bassin est immobile, troublante. Quiétude et douceur s’installent.
On peut alors se poser un capteur sur un doigt et soudain, grâce à une électrotechnique reliée à un dispositif informatique, le tableau qui représente les nymphéas de Monet s'anime. En réalité il s'agissait d'une projection vidéo sur un bassin d'eau.
Celle-ci apparaissait au sommet d'un tube de béton dans une harmonie bleue délimitée par un cercle de 90 cm de diamètre tel un puits . Les ondes captées dans un corps vont alors faire vibrer une toile tendue sous la surface de l'eau.
La toile de Monet se met alors à vivre. L'instantané prend une épaisseur comme s'il s'agissait de relier plusieurs toiles du peintre réaliser à différents moments du temps et dans des atmosphères changeantes. On passe alors de la photographie ou de la peinture à un mouvement cinématographique.
Si plusieurs personnes utilisent chacune le dispositif proposé, les pulsations de l'eau engendrées par le premier spectateur créent des résonances que perçoit le second. Autour du puits se produit ainsi une communication externe ou indirecte entre les personnes présentes.
Le public peut interagir avec l’œuvre et la faire changer au gré des battements de son cœur. Il s'agit alors d'une expérience sensorielle par laquelle le spectateur sort de lui-même puisque des éléments de l'univers extérieur deviennent des projections de ce qu'il peut ressentir intérieurement.
Un dialogue se développe entre la peinture et les vibrations sonores créant des structures et des schémas ondulatoires très complexes à la surface de l'eau.
Ces images d’eau sonores sont les propres sentiments extériorisés du visiteur. "Le motif est quelque chose de secondaire, ce que je veux reproduire, c’est ce qu’il y a entre le motif et moi " Claude Monet ".
Les connexions invisibles régissent la matière au cœur du vivant." Joël Sternheimer
Les recherches d’Alexander Lauterwasser et de Joël Sternheimer , l’œuvre de Monet m’ont permis d’affiner au mieux ce que je ressentais et que je désirais exprimer dans « Réflexion- Résonance ». Monet capte l’instantané d’un monde en perpétuel changement. Il cherche à traduire les vibrations de la couleur, de la lumière, l’atmosphère qui s’en dégage, peut être ces « connections invisibles qui régissent la matière au cœur du vivant dont parle Joël Sternheimer .
« Réflexion - Résonance », dans une lumière diffuse, espace de contemplation, au rythme des battements, la matière virtuelle s’active, l’invisible dessine les ondes, les schémas vibratoires s’interpénètrent, se superposent et révèlent un monde de sensations, d’émotions et de communion.
La matière picturale de Monet vibre par la juxtaposition constante de légères touches de verts et de bleus. Le pixel devient l’équivalent de la touche picturale et apparait comme matière, peau, tissu. Pigment, pixel, la couleur lumière et la couleur matière dépendent toutes deux de l’énergie lumineuse.
Déjà Monet s’inspirait des travaux scientifiques de Michel Eugène Chevreul sur les couleurs et sur leur perception. L’art numérique se nourrit de son passé, de son héritage pictural.
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Réflexion/Résonance : « Narcisse »
Les hommes ignorent leur place dans l’univers. S’ils la connaissaient, ils prendraient mesure de la démesure du cosmos et de l’insignifiance de leur existence. Nous faisons un événement considérable de notre vie qui importe aussi peu que l’être d’une feuille dans un arbre. Les glissements de l’éphémère sur le miroir d’une mare d’eau croupie résument le destin de chacun qui se croit monde à lui tout seul.
Michel Onfray (Manifeste hédoniste)
Narcisse, le bassin est un miroir, au rythme des battements du cœur, sa propre image en est déformée.
L’eau-miroir relie le spectateur au grand complexe de Narcisse.
Selon le Larousse, l’égotisme est le « sentiment exagéré de sa personnalité, et, en particulier, manie de parler de soi, culte du moi ; narcissisme.
L’idée d'une réalité consensuelle, dans laquelle les illusions individuelles se structurent forme une illusion collective.
Narcisse, au rythme des battements de son cœur, observe sa propre image se déformer, sa perception lui échappe. Sentiment de perte de contrôle, les Illusions collectives sont déconstruites.
Tout tombe à l'eau et il ne reste que les battements cardiaques, symboles dé symbolisés.
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Réflexion/Résonance : « Puits »
Telle, La Bocca della Verità, bas-relief en marbre, assimilée à un masque, muré dans la paroi du pronaos de l'église Santa Maria in Cosmedin de Rome. Appelée aussi Bouche de la Vérité, légende selon laquelle la Bouche de la Vérité aurait tranché la main de tous ceux qui ne disaient pas la vérité.
Dans le bassin remplit d’eau sont disposées des sculptures représentant des visages placés à l’horizontal. Nez et bouches affleurent à la surface de l’eau. Les effets de résonance engendrés par le rythme cardiaque créent des ondes qui se déplacent et pénètrent dans les orifices.
Les lémures de Franz west, les lémures, création du monde Darwinienne où des petits monstres sortent de l'eau.
La mythologie romaine assimile les lémures spectres malfaisants aux âmes damnées d’hommes et de femmes ne pouvant trouver le repos car ils ont connu une mort tragique ou particulièrement violente. Afin de précipiter leur déroute, on frappait de grands vases d’airain toute la nuit durant.
Les disparitions de migrants au cours de leur périple vers l’Europe surviennent vers le détroit de Gibraltar ou le long des côtes turques, les côtes libyennes sont de loin les plus meurtrières, et la mortalité s’accroît à la belle saison, lorsque davantage de migrants tentent leur chance en mer.
PRINCIPE
Installation interactive sonore « Réflexion - Résonance »,
Deux sondes SPO2, dispositif à infrarouge, fixées à la périphérie de l’eau captent les fréquences cardiaques de deux spectateurs. Un système électrotechnique et informatique traitent, transforment les acquisitions médicales.
Les battements de cœur sont enregistrés, transposés en signaux électriques.
Deux haut-parleurs transforment cette énergie électrique en une énergie acoustique. Du signal électrique, le système de transduction engendre le déplacement mécanique des membranes des haut-parleurs qui à leur tour vont entraîner la vibration des deux membranes placées sous le bassin d’eau et la vibration de l'air correspondante à l'onde sonore originale.
Les stimuli sonores sont perçus à la fois par la membrane du tympan et visibles sous la forme de champs ondulatoires rayonnant à la surface de l’eau du bassin.
Deux personnes utilisent chacune le dispositif proposé, les pulsations de l'eau engendrées par le premier spectateur créent des résonances que perçoit le second.
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Réflexion/Résonance : « Itinérance »
" On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux "
Antoine de Saint-Exupéry – Écrivain, poète et aviateur français (1900-1944
La fonction du passeur ?
Charon est le nautonier des Enfers qui conduit sur sa barque les âmes de l’autre côté du Styx (ou de l’Achéron selon les auteurs), sur leur long chemin vers le jugement. Fils d’Erèbe et de Nyx, il ne consent à prendre dans sa barque que les âmes ayant eu une sépulture. En effet, les âmes doivent lui donner les deux drachmes (oboles) posées sur ses yeux (ou sous la langue) lors du rituel funéraire en guise de péage. Il est un vieillard immortel et inflexible. Charon refuse de transporter quiconque n’aurait pas de quoi payer.
Des petites embarcations en papier huilé disposées sur la surface de l’eau flottent au rythme des battements de cœur.
Charon, dans la mythologie grecque, passeur des Enfers chargé de mener sur sa barque les âmes des personnes défuntes jusqu’au royaume d’Hadès. Figure célèbre évoluant au cœur des ténèbres infernales, Charon est un être immortel.
P. Sébillot donne cet exemple : « La légende du bateau des morts est l’une des premières qui aient été constatées sur notre littoral : elle y existait sans doute bien avant la conquête romaine, et au Vie siècle Procope la rapportait en ces termes : Les pêcheurs et autres habitants de la Gaule qui sont en face de l’île de Bretagne sont chargés d’y passer les âmes, et pour cela exempts de tribut. Au milieu de la nuit, ils entendent frapper à leur porte; ils sellèrent et trouvent sur le rivage des barques étrangères où ils ne voient personne, et qui pourtant semblent si chargées qu’elles paraissent sur le point de sombrer et s’élèvent d’un pouce à peine au-dessus des eaux; une heure suffit pour ce trajet, quoique avec leurs propres bateaux, ils puissent difficilement le faire en l’espace d’une nuit » (Guerre des Goths). (…)